Mes portefeuilles et surveillances 
L’opération dépasse le cadre financier ; elle marque le retour de la Bourse de Casablanca comme lieu d’investissement citoyen et de financement de l’économie réelle.
Fondée en 1972, SGTM s’est imposée comme l’un des bâtisseurs du Maroc moderne : barrages, ports, infrastructures hydrauliques et projets structurants jalonnent son ADN. Longtemps pressentie pour une introduction en 2009, l’entreprise familiale a préféré temporiser et surtout s’inscrire dans le temps long. Un choix visionnaire puisqu’elle arrive en 2025 avec un track-record renforcé, une réputation de rigueur rare dans le secteur, plus de 1.000 projets livrés et une implantation africaine consolidée.
Cette maturité explique en partie l’attachement suscité auprès du public. SGTM n’est pas perçue comme un simple acteur technique mais elle incarne un pan du récit national et un savoir-faire industriel profondément enraciné dans le territoire.
Les chiffres illustrent l’ampleur de l’événement. Avec près de 173.000 souscripteurs, l’IPO devient la plus participative de toute l’histoire de la Bourse de Casablanca, surpassant le record établi par Maroc Telecom en 2004. La demande globale – 171 milliards de dirhams, soit 34 fois l’offre – témoigne d’un enthousiasme inédit, combinant opportunisme boursier et adhésion de conviction. Le montant levé, 5,04 milliards de dirhams, consacre la plus grande IPO privée depuis deux décennies.
Au-delà des montants, l’opération révèle une transformation sociologique à savoir le retour massif des ménages sur le marché actions. La Bourse redevient un espace de participation citoyenne, soutenu par une nouvelle génération d’investisseurs, une digitalisation accrue et une confiance restaurée.
Le succès de l’opération tient aussi à son architecture. Trois prix, trois publics : 420 Dhs pour les institutionnels, 380 Dhs pour les particuliers et 340 Dhs pour ses salariés. Cette segmentation, rare à ce niveau, a créé un puissant effet d’entraînement : inclusion des petits porteurs, stabilisation de l’actionnariat institutionnel, mobilisation interne autour d’un geste de partage de valeur.
Autre élément clé, l’IPO s’est effectuée par cession de titres et non par augmentation de capital. La famille fondatrice conserve ainsi la majorité, tout en envoyant un signal d’ouverture et de gouvernance modernisée. SGTM bascule dans un nouvel univers : reporting renforcé, transparence accrue, exposition internationale. Une mutation culturelle, mais aussi une opportunité d’expansion sur les marchés africains, où la qualité de gouvernance devient décisive.
L’IPO intervient dans une conjoncture favorable : vaste programme d’investissements publics dans l’eau, les infrastructures, l’énergie et la souveraineté industrielle. Le secteur du BTP, en pleine restructuration, voit émerger quelques acteurs capables d’absorber la complexité croissante des projets. SGTM, par sa taille et son expertise, s’y positionne comme l’un des rares champions capables de soutenir une croissance durable.
Pour les investisseurs, le profil est attractif mais cyclique. Carnet de commandes solide, exposition à des projets publics sécurisés, maîtrise technique ; des fondamentaux robustes, à tempérer par la cyclicité du secteur et la pression sur les marges. Mais pour un investisseur long terme, SGTM coche les attributs des blue chips industrielles : visibilité, résilience, et capacité à traverser les cycles.
L’impact de cette IPO dépasse largement son périmètre. Elle prouve que l’épargne nationale peut se mobiliser massivement ; que les groupes familiaux peuvent réussir leur entrée en Bourse ; et que la place casablancaise peut redevenir un instrument de financement dynamique et inclusif.
Elle ouvre aussi la voie à d’autres acteurs industriels ou infrastructurels, susceptibles de suivre ce modèle d’ouverture du capital.
Plus profondément, SGTM devient le symbole d’un mouvement qui est le retour de l’investisseur particulier, après des années de léthargie, porté par de meilleures performances boursières, la multiplication des IPO et la montée d’une nouvelle culture financière.
L’introduction de SGTM restera comme un moment fondateur. Elle réactive l’imaginaire boursier, réconcilie l’épargne nationale avec l’investissement productif et redonne à la Bourse de Casablanca un rôle central dans le financement du développement. Avec 173.000 nouveaux actionnaires, SGTM apparaît désormais comme bien plus qu’un groupe industriel, c’est un symbole de confiance dans un Maroc qui construit et se construit.
L’entreprise entre ainsi dans une nouvelle dimension. Au marché, désormais, d’entretenir cet élan.
