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L’intensification des échanges commerciaux bénéficie économiquement aux femmes

5 août 2020 Libération

«Les échanges commerciaux contribuent à combler l’écart de salaires entre hommes et femmes, tout en créant de meilleurs emplois pour celles-ci », affirme une étude de la Banque mondiale préparée en collaboration avec l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
L’étude dont les conclusions ont été récemment rendues publiques indique que les pays ouverts aux échanges internationaux se développent plus vite, innovent, affichent une productivité supérieure et offrent des revenus plus élevés et davantage de débouchés à leur population. 

Intitulée Women and Trade: The Role of Trade in Promoting Women’s Equality (Les femmes et le commerce : le rôle du commerce dans la promotion de l’égalité des femmes), elle démontre en outre que « la part des échanges internationaux dans le PIB est corrélée à un niveau d’égalité entre les sexes plus élevé », souligne l’institution financière.
L’étude, qui mène une analyse approfondie et inédite de l’incidence du commerce extérieur sur la situation des femmes, « permet aux chercheurs de comprendre comment les femmes travaillent, dans quel secteur elles sont employées, combien elles gagnent et si elles participent de près ou de loin au commerce mondial », relève la Banque mondiale dans un communiqué. 

Soulignant son intérêt, l’institution affirme que « les résultats de cette analyse aident les pouvoirs publics à cerner la manière dont leurs politiques commerciales affectent différemment les femmes et les hommes ».

Directrice générale de la Banque mondiale pour les politiques de développement et les partenariats, Mari Pangestu rappelle qu’au cours des 30 dernières années, le commerce a été le moteur de la réduction de la pauvreté. 

Selon elle, « le rapport montre que, si les bonnes politiques sont mises en place, il peut également être un moteur de réduction des écarts entre les sexes ». C’est dire que « le commerce a le pouvoir de renforcer le rôle des femmes dans l’économie et d’atténuer les disparités avec les hommes en leur offrant des possibilités d’emploi plus nombreuses et de meilleure qualité », soutient-elle affirmant qu’exploiter ce potentiel sera encore plus important dans un monde post-Covid-19. 

Le rapport, qui met en évidence plusieurs aspects essentiels, est riche en enseignements à bien des égards. Comme le soulignent les auteurs de cette importante étude, les entreprises intégrées aux chaînes de valeur mondiales emploient un pourcentage plus élevé de femmes (33 %) que les entreprises qui n’en font pas partie (24%). 

Le rapport indique, en outre, que « lorsque les pays s’ouvrent au commerce, la part des salaires des femmes dans le secteur manufacturier augmente de 5,8 points de pourcentage en moyenne. Quand les femmes travaillent dans des secteurs fortement exportateurs, elles ont davantage de chances d’occuper un emploi formel, ce qui signifie plus d’avantages sociaux, une meilleure formation et une plus grande sécurité d’emploi ».

Mais au-delà des observations et des analyses, « le rapport souligne également l’importance de lutter contre les discriminations à l’encontre des femmes dans le cadre des politiques commerciales », fait savoir la même source. 

Si aucun pays n’impose ouvertement des modes de fixation des prix en fonction du sexe, les préjugés implicites peuvent déboucher sur des «taxes roses» économiquement préjudiciables aux femmes, assure le rapport. 

L’étude relève, par ailleurs, que les produits spécifiquement consommés par les femmes sont vendus plus cher que ceux destinés aux hommes. Le rapport en veut pour preuve que dans le secteur de l’habillement par exemple, les prix des articles pour femmes sont globalement supérieurs de 2,77 milliards de dollars à ceux des vêtements pour hommes, un écart qui a augmenté d’environ 11 % en termes réels entre 2006 et 2016. De telles disparités concernent les consommatrices du monde entier. 

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