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Marché mondial des engrais : Le Maroc, acteur majeur en Afrique

23 juin 2022 L'opinion

Le Maroc pourrait devenir le banquier central du marché mondial des engrais et un gardien de l’approvisionnement alimentaire mondial, prévoit le Middle East Institute (MEI).

Le Maroc est le quatrième exportateur mondial d’engrais, après la Russie, la Chine et le Canada. Le 17 mai 2022, l’Office Chérifien des Phosphates (OCP) a annoncé qu’il augmenterait sa production d’engrais 2022 de 10%, mettant 1,2 million de tonnes supplémentaires sur le marché mondial d’ici la fin de l’année. 

Ce chiffre reflète la capacité de l’entreprise à créer une ligne de production d’une capacité de 1 million de tonnes en six mois. C’est ce qui ressort d’une récente étude du Middle East Institute (MEI). 

« Le directeur financier de l’OCP a déclaré que l’entreprise prévoit d’augmenter sa capacité de production entre 2023 et 2026 de 7 millions de tonnes supplémentaires, soit 58% par rapport aux niveaux de production actuels », souligne le think tank américain, qualifiant cette décision commerciale de judicieuse. 

La hausse des niveaux de production de l’entreprise permettra de contrer l’utilisation, par la Russie, des engrais et des pénuries alimentaires à des fins militaires, prévoit le MEI. 

Jouant un rôle à peu près analogue à celui de l’Arabie Saoudite sur le marché mondial du pétrole, poursuit la même source, le Maroc pourrait devenir le banquier central du marché mondial des engrais et un gardien de l’approvisionnement alimentaire mondial, prévoit la source. 

OCP : des usines ouvertes dans 12 pays africains 

Le MEI rappelle,à ce titre, que « l’OCP a ouvert des usines dans 12 pays africains depuis 2016, construisant des installations locales de mélange pour calibrer les engrais spécifiquement pour le sol de chaque pays africain et permettant aux petits exploitants agricoles de participer de manière plus efficace et plus rentable aux chaînes de valeur agricoles », explique le think tank US. 

En conséquence, poursuit la même source, le rendement du mil au Sénégal a bondi de 63% et celui du maïs au Nigeria de 48%, avec des résultats similaires au Ghana et ailleurs. 

Le MEI note aussi que l’implication de l’OCP en Éthiopie a permis d’augmenter les rendements de blé, de maïs et de teff jusqu’à 37%.

Il fait savoir également que l’entreprise construit des usines d’engrais en Afrique subsaharienne en joint-venture avec des acteurs locaux. 

C’est le cas du Nigeria, où l’OCP et ses partenaires de ce pays construisent une usine d’ammoniac et d’engrais de 1,4 milliard de dollars dans le but de tripler la quantité d’engrais utilisée par les agriculteurs nigérians d’ici cinq ans. 

C’est le cas également du Ghana où l’entreprise investit 1,3 milliard de dollars pour construire un complexe d’engrais industriels, utilisant le gaz naturel de ce pays et desservant les marchés ouestafricains. 

Pour les marchés d’Afrique de l’Est, l’OCP construit le deuxième plus grand complexe de production d’engrais d’Afrique en Éthiopie, en tant que coentreprise et en utilisant les ressources gazières locales. 

L’OCP attend la première phase de développement de 2,4 milliards de dollars pour approvisionner le marché éthiopien des engrais en 2023, souligne le MEI. 

« Investissant un total de 6,3 milliards de dollars pour construire des usines d’engrais en Afrique subsaharienne, le Maroc a fait preuve d’une remarquable prévoyance stratégique », conclut le MEI. 

« Avec les aspects géoéconomiques de la connectivité et de la délocalisation qui mettent davantage l’accent sur l’importance géopolitique de l’Afrique, l’engagement stratégique de l’Europe et des États-Unis avec le Maroc va probablement s’intensifier », prévoit la même source. 

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