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Malgré le Plan National de l’Air, le Maroc dans le top 5 des pollueurs en Afrique

3 avr. 2024 L'opinion

Sur les 10 principaux points chauds d’émission de SO2 en Afrique, deux se trouvent au Maroc, selon Greenpeace MENA et Greenpeace Afrique.

Un nombre conséquent de décès prématurés surviennent chaque année en raison de l’exposition à la pollution atmosphérique dans les pays d’Afrique du Nord. Dans son rapport, intitulé « Les principaux pollueurs de l’air en Afrique démasqués », Greenpeace MENA et Greenpeace Afrique dévoilent des données choquantes sur les plus grands pollueurs atmosphériques du continent et révèlent que « les Africains sont confrontés à une crise de santé publique qui exige des mesures immédiates de la part des gouvernements ». 
  
Ce rapport examine les émissions d’oxydes d’azote (NO2 et autres oxydes d’azote appelés collectivement NOx), de dioxyde de soufre (SO2), de composés organiques volatils non méthaniques (COVNM) et de particules, y compris le carbone noir (BC).

Ces polluants sont souvent étroitement liés aux secteurs responsables d’une combustion importante de combustibles. Ces polluants contribuent tous à la production de particules “secondaires”, les particules fines (PM2,5), qui constituent l’un des principaux facteurs de risque de décès en Afrique. 

Une fois émis dans l’air, l’exposition à chacun de ces polluants peut être directement nocive pour la santé. 
  
Si le Maroc n’est pas concerné par les décès prématurés, l’Égypte, le Nigeria et l’Afrique du Sud présentent, selon le rapport, une charge de morbidité importante. 

Le Royaume dispose tout de même des principaux points chauds d’émission SO2 en Afrique. Ces derniers sont associés aux centrales électriques de Mohammedia, Jorf Lasfar et Safi. 

Dans un précédent rapport, Greenpeace Asie du Sud-Est avait estimé que la pollution atmosphérique à Safi, émanant de la centrale électrique au charbon, pourrait contribuer à 30 à 88 décès prématurés par an. 
  
Qualité de l’air : 53 % des PM2,5 attribuées à l’Industrie 
  
Grenpeace précise qu’en Afrique du Nord, les émissions identifiées ne montrent pas de tendances claires à long terme. Au Maroc, deux points chauds de SO2 ont connu une baisse en 2023. 

La centrale électrique de Safi a enregistré une baisse substantielle de 67 %, et la centrale thermique de Jorf Lasfar (JLEC) a vu ses émissions de SO2 diminuer de 19 % par rapport aux données de 2021. 

Toutefois, la centrale électrique au charbon de Mohammedia a enregistré une augmentation de 54 % des émissions de SO2 au cours de la même période. 
  
Selon l’évaluation de l’indice de qualité de l’air, la réduction permanente des concentrations de PM2,5 du niveau de 2021 à la ligne directrice de l’OMS de 5 µg/m³ aurait pu améliorer l’espérance de vie de 1,3 an en Égypte, de 0,4 an au Maroc et de 0,1 an en Algérie. 

Au Royaume, près de 53 % des PM2,5 ambiantes ont été attribuées aux industries, selon le rapport, soulignant que 35 % sont attribuées à la poussière et 13 % à la circulation. 
  
Les chiffres annoncés par Greenpeace sont d’autant plus alarmants sur le plan économique, puisque la dégradation environnementale au Maroc représente une perte économique de 32,5 milliards de dirhams par an, soit environ 3,52 % du produit intérieur brut (PIB) du pays, selon le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable. 
  
Pour éviter le pire, le gouvernement a lancé le Plan National de l’Air (PNA) qui s’étend jusqu’en 2030, comprenant diverses mesures techniques, incitatives et légales, ainsi que des initiatives de sensibilisation et de communication. 

Dans ce sens, une taxe environnementale sur le plastique afin de promouvoir le recyclage et la valorisation des déchets plastiques. La révision du cadre juridique relatif à la gestion des déchets est également en cours par l’Exécutif, qui veut mettre l’accent sur la réduction de leur production à la source, la collecte sélective, le tri et la valorisation, ainsi que le principe de responsabilité élargie. 

Des mesures ont été prises pour accompagner les industriels dans leur transition vers une économie verte, dont le soutien de 96 projets visant à traiter les déchets liquides, gazeux et solides, avec une contribution de 240 millions de dirhams du Fonds de lutte contre la pollution industrielle. 

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