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L'accord de libre-échange continental pourrait accrotre le revenu de l’Afrique de 7%

3 août 2020 Libération

L'Afrique pourrait voir son revenu augmenter de 450 milliards de dollars grâce à l'accord de libre-échange continental, a relevé la Banque mondiale dans un nouveau rapport.

Selon le document, qui vise à aider les pays africains à mettre en œuvre des politiques susceptibles de maximiser les bénéfices potentiels de l'accord tout en minimisant les risques, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) représente une véritable occasion de stimuler la croissance, de réduire la pauvreté et d'élargir l'inclusion économique dans cette région.

«S'il est pleinement mis en œuvre, cet accord commercial pourrait accroître le revenu régional de 7 % - soit 450 milliards de dollars -, accélérer l'augmentation de la rémunération des femmes et sortir 30 millions de personnes de l'extrême pauvreté d'ici 2035 », a indiqué l’institution financière internationale.

Pour Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale pour l'Afrique, «la Zone de libre-échange continentale africaine a la capacité d'accroître les possibilités d'emploi et les revenus, ce qui contribue à élargir les perspectives de tous les Africains». 

Selon lui, la mise en œuvre réussie de la ZLECAf devrait ainsi «permettre de sortir de la pauvreté modérée environ 68 millions de personnes et de rendre les pays africains plus compétitifs », estimant toutefois important de suivre attentivement ses effets sur tous les travailleurs - femmes et hommes, qualifiés et non qualifiés - dans tous les pays et secteurs afin de garantir que l'accord porte pleinement ses fruits.

Soulignons à ce propos que « la mise en œuvre de l'accord entraînerait des hausses de salaire plus importantes pour les femmes que pour les hommes d'ici à 2035, avec des augmentations respectives de 10,5% et de 9,9%. Elle permettrait également d'augmenter de 10,3% les salaires des travailleurs non qualifiés et de 9,8% ceux des travailleurs qualifiés»», comme l’a également fait savoir la Banque.

Dans son rapport, la Banque mondiale explique que «les mesures de réduction des freins bureaucratiques et de simplification des procédures douanières au sein de la ZLECAf devraient être à l'origine de la plus grande part de la hausse des revenus».

Elle affirme, en outre, que «la libéralisation des tarifs douaniers, de même que la réduction des barrières non tarifaires comme les quotas et les règles d'origine, permettrait d'augmenter les revenus de 2,4%, soit environ 153 milliards de dollars. Les 292 milliards de dollars restants proviendraient de mesures de facilitation du commerce qui limitent les formalités administratives, abaissent les coûts de mise en conformité pour les sociétés commerciales et facilitent l'intégration des entreprises africaines dans les chaînes logistiques mondiales».

Mieux, la ZLECAf contribuerait à amortir les effets négatifs du coronavirus sur la croissance économique, en soutenant le commerce régional et les chaînes de valeur grâce à la réduction du coût des échanges, a soutenu la Banque mondiale rappelant que les conséquences économiques de la pandémie de Covid-19 devraient entraîner jusqu'à 79 milliards de dollars de pertes de production en Afrique en 2020.

Ce n’est pas tout. L'accord continental pourrait aider les pays africains à renforcer leur résilience face à de futurs chocs économiques, en remplaçant la mosaïque d'accords régionaux, en rationalisant les procédures aux frontières et en donnant la priorité aux réformes commerciales, a poursuivi l’institution assurant qu’à plus long terme, il ouvrirait aux pays africains des possibilités d'intégration et de réformes favorables à la croissance.
Dans cette publication rendue publique récemment, il est également relevé le fait que la ZLECAf pourrait permettre de réorganiser les marchés et les économies de la région, entraînant la création de nouvelles industries et l'expansion de secteurs clés.

A en croire l’institution internationale, «les gains économiques d'ensemble seraient variables, les plus importants bénéficiant aux pays qui supportent actuellement des coûts d'échanges élevés. Ainsi, la Côte d'Ivoire et le Zimbabwe, où les coûts commerciaux sont parmi les plus lourds de la région, enregistreraient les résultats les plus favorables avec une augmentation de 14% des revenus dans chaque pays».

Autres points soulignés dans ledit rapport : la ZLECAf stimulerait également de manière significative le commerce africain, en particulier les échanges intrarégionaux dans le secteur manufacturier ; les exportations intracontinentales augmenteraient de 81%, tandis que la progression vers les pays non africains serait de 19%.

Mais attention : «La création d'un marché à l'échelle du continent exigera une action volontariste pour réduire tous les coûts commerciaux, a prévenu l’institution estimant qu’il faudra pour cela adopter des législations permettant aux marchandises, aux capitaux et aux informations de circuler librement et facilement à travers les frontières. 

En outre, «les gouvernements devront aussi préparer leur main-d'œuvre à tirer parti des nouvelles opportunités grâce à de nouvelles réformes destinées à réduire les coûts liés aux réorientations professionnelles», a-t-il souligné. 

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