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Entretien : 50% de la production sera orientée vers l’export

4 mai 2020 L'Observateur du Maroc

L’Observateur du Maroc et d’Afrique : L’industrie du textile s’est lancée dans la production de masques pour subvenir aux besoins du marché local. Quel état des lieux aujourd’hui ?

Mohammed Boubouh : Le Maroc a commencé à produire les masques non tissés avant le 7 avril avec un niveau très faible ne dépassant pas les 200.000 voire même les 300.000 unités par jour. Ensuite, nous sommes passés à un million, 3 millions, 5 millions puis à 7 millions par jour. En parallèle, nous avons tracé une stratégie pour certifier les usines de tissage pour avoir un tissu répondant aux normes mises en place par  l’Institut marocain de normalisation, Imanor. Les sociétés de production ont aussi été certifiées. C’est un travail de grande haleine, parce qu’il fallait mobiliser le CTTH et l’Esith pour normaliser un maximum de tissu et avoir la quantité suffisante sur le marché. Aujourd’hui, nous avons une très grande capacité qui dépasse notre besoin actuel. Nous avons aussi créé des Joint-ventures entre les opérateurs du tissage et maille et les confectionneurs pour qu’ils puissent travailler en binôme et à grande échelle.  Aujourd’hui, plus de 32 sociétés sont certifiées et le nombre est en croissance exponentielle, ce qui nous permet d’augmenter notre capacité de production en masques. Actuellement, le secteur produit plus d’un million de masques tissés par jour, lavable cinq fois. Et  notre objectif est d’augmenter la capacité d’ici quinze jours pour atteindre deux millions de masques.

Est-ce-que la quantité produite aujourd’hui répond au besoin réel ? Et quand comptez vous passer à l’étape de l’export ?

Il y a suffisamment de masques pour tout le monde aujourd’hui. Ce qui nous permet de répondre à la fois aux besoins du  secteur public que celui privé.  Pour l’export, ce n’est pas encore acté. Mais cela va être possible d’ici quelques jours. Une fois le besoin prioritaire du Maroc comblé, le ministère de l’industrie va nous ouvrir la porte vers l’export. La grande partie des demandes émane des pays Européens. Mais nous allons exporter aussi vers les USA et l’Afrique. Au moins 50% de la production va être réservée au marché local et le reste sera orienté vers l’export.

Produire des masques peut-il être considéré comme une bouée de sauvetage pour le secteur du textile à l’ère de la crise actuelle ?

Pas tout à fait. Plutôt une bouffée d’oxygène. Tous les opérateurs ont été lourdement impactés. Et les entreprises qui produisent les masques tournent avec moins de 30% de leur personnel et leur capacité de production. Donc, c’est plus un geste de solidarité qu’un moyen pour engranger des bénéfices.

Que pensez-vous des mesures de soutien mises en place par le comité de veille économique ? Est ce que cela est suffisant aujourd’hui pour le redémarrage du secteur ?

Pour l’instant les pouvoirs publics ont fait de grands efforts pour soutenir le tissu productif.  La majorité des opérateurs du secteur ont bénéficié de ces mesures instaurées.  Mais, dès que nous allons commencer à voir la lumière au bout du tunnel, nous allons nous entretenir  avec le ministère de tutelle pour mesurer déjà l’impact réel sur le secteur et mettre en place une batterie de propositions pour un vrai redémarrage. Nous sommes dans la phase du brainstorming pour le moment. Une feuille de route sera définie dans un futur proche.

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