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Ecoles privées: toujours rentables

21 nov. 2017 Inforisk

Si la conjoncture est difficile dans de nombreux secteurs, l’éducation et la formation, elles, semblent épargnées. En 2015, le chiffre d’affaires global du marché de l’enseignement a atteint 4,5 milliards de DH, contre 4,1 milliards en 2014 et 3,7 milliards en 2013.

Soit, une croissance moyenne de 10% par an, qui démontre clairement la profitabilité du secteur, selon le spécialiste du renseignement commercial sur les sociétés marocaines, Inforisk. Le cabinet vient de réaliser une enquête auprès de 1.427 établissements, dont 58% relèvent de la Formation professionnelle et technique, 38% de l’Education nationale et 4% de l’Enseignement supérieur.

Toutefois, la dynamique est différente selon les cycles d’études. La catégorie la plus rentable est celle des écoles de formation professionnelle et technique. Ce cycle  enregistre le plus gros chiffre d’affaires. En 2015, il s’est élevé à plus de 2,4 milliards de DH, avec un taux de croissance moyen de 7,8% entre 2013 et 2015.

De leurs côtés, les écoles affiliées à l’Education nationale ont enregistré un chiffre d’affaires de 1,8 milliard en 2015, avec une progression moyenne de 13,4% sur les deux dernières années. Mais si la conjoncture semble favorable pour ces catégories d’établissements privés, la donne n’est pas la même pour l’enseignement supérieur. Son chiffre d’affaires s’est établi à 258 millions de DH en 2015, avec une hausse moyenne très légère (0,8%) sur la même période.

De 2014 à 2015, un recul de 4,4% a été enregistré. «Les écoles supérieures sont les moins rentables. Leurs investissements sont les plus importants du secteur, mais leur chiffre d’affaires progresse très lentement», souligne Amine Diouri, responsable Etudes et communication d’Inforisk.

En dépit de l’engouement des parents pour les établissements privés, la rentabilité financière ne suit pas. Elle se déprécie considérablement depuis 2013, passant de 13,4% à 7,4% en 2015, soit une baisse de près de 45%. Même constat au niveau de la marge opérationnelle (renseignant sur la performance économique et la viabilité des entreprises) qui s’est rétractée sur les trois dernières années. Une diminution liée principalement à l’alourdissement des charges du personnel. «Ce poste qui représente près de la moitié du chiffre d’affaires, a augmenté de 3,6 points sur cette période», indique Amine Diouri. Il est passé de 42,2% en 2013 à 45,8% en 2015.

«Le fleurissement des écoles privées sur le marché a engendré une pénurie d’enseignants qualifiés. Les plus expérimentés sont très demandés et font augmenter le niveau des salaires», explique-t-il. Toutefois, les marges restent malgré tout confortables.

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Le bénéfice de l’enseignement supérieur est en net recul sur les deux dernières années. C’est pourtant celui qui engage les plus gros investissements. Les écoles ont de plus en plus de mal à attirer les étudiants

Par ailleurs, une grande disparité au niveau de la rentabilité est constatée pour les différents segments. Selon l’étude d’Inforisk, l’enseignement supérieur est le plus lésé. La marge nette (mesurant la rentabilité finale) de ce cycle a carrément décroché entre 2014 et 2015. Après avoir enregistré une hausse de 8,7% en 2013, elle a chuté à -11,5% en 2014, puis à -25,6% en 2015.

«Les écoles supérieures privées ne captent plus qu’environ 5% des effectifs du marché, alors que l’objectif était de 20%», souligne Hassan Sayarh, élu de l’enseignement supérieur privé, également DG de HEM. «En parallèle, beaucoup d’écoles ferment, alors que très peu se créent, car les investissements sont importants et l’Etat n’apporte pas son appui au secteur», ajoute-t-il.

Pour la catégorie maternelle, primaire, collège et lycée,  la rentabilité est la plus stable. Elle passe de 5,7% en 2013 à 5,1% en 2014, pour stagner au même taux l’année suivante. Les écoles de la formation professionnelle et technique sont sur des proportions identiques à fin 2015 (voir illustration).

Le secteur de l’éducation et de la formation continue d’attirer des investisseurs. Des écoles de tous niveaux et des instituts de formation professionnelle ouvrent un peu partout depuis quelques années. Selon les statistiques d’Inforisk, 12% des établissements privés ont ouvert leurs portes durant ces cinq dernières années, et 41% ont entre 5 et 10 ans d’existence (11% ont plus de 20 ans d’existence, et plus du tiers entre 10 et 20 ans). La plus grande partie de ces écoles est implantée dans les grandes villes du Royaume, à savoir l’axe Casablanca-Mohammedia (36%), Rabat-Salé (19%), Fès-Meknès (10%) et Marrakech (7%).

La grande majorité (92,4%) réalise un chiffre d’affaires de moins de 10 millions de DH, et 7,2% d’entre elles, drainent un CA entre 10 et 50 millions de DH. «Cela démontre que ce secteur d’activité est très atomisé, et est composé d’acteurs de très petite taille», indique Amine Diouri. En effet, seulement une petite minorité (0,4%) se distingue avec un chiffre d’affaires qui oscille entre 50 et 200 millions de DH.

ecole_privee_052.jpgBénéficiant de délais de paiement fournisseurs très allongés, les écoles privées réussissent à dégager une trésorerie excédentaire, en constante progression, leur permettant de financer une grande partie des fonds de roulement, et donc, des immobilisations
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