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Délais de paiement, la grande hantise

21 mai 2018 Inforisk
Le taux d’augmentation des défaillances d’entreprises prévu pour 2018 est de 8%. Premier grief : les retards de paiement. 70% des entreprises supportent des délais de paiement supérieurs à 90 jours.De par le monde, la défaillance des entreprises continue de hanter les esprits. Une baisse de -1% est prévue pour 2018 après une hausse de 1% en 2017. C’est ce qui ressort de l’Indice Global des Défaillances, élaboré par le spécialiste de l’assurance-crédit Euler Hermes. « La tendance à la baisse des défaillances dans le monde a connu une pause en 2017 (1%), due à un rebond des faillites en Asie et dans les marchés émergents (Russie et Brésil notamment) », apprend-on chez EH. Les analystes restent pour autant confiants que le repli des défaillances devrait reprendre en 2018 grâce à l’amélioration de la conjoncture économique internationale. Toutefois, il est à souligner que dans un pays sur deux, le nombre de défaillances reste supérieur aux niveaux de 2007, et d’importantes disparités régionales persistent. Dans un pays comme la Chine, en 2018 le nombre de défaillances continuera à augmenter atteignant 10% et ce pour la cinquième année consécutive. Une hausse de l’ordre de 8% est prévue au Royaume-Uni pour la même année. En ce qui concerne le Maroc, l’augmentation escomptée des défaillances d’entreprises s’établit à 8%. C’est dire que le spectre des défaillances plane toujours sur les économies, mais à des degrés différents.Gare à l’effet domino !Pour Amine Diouri responsable Etudes & Communication chez Inforisk, 40% des défaillances des entreprises marocaines sont dus aux impayés. Et d’ajouter : « Les impayés représentent en moyenne 1,8% du chiffre d’affaires d’une entreprise ». Ces impayés sont souvent la résultante de la défaillance de la contrepartie ou la perte d’un gros client. Ils se traduisent par une baisse importante du chiffre d’affaires, une chute du résultat net, une réduction des capitaux propres voire même un accroissement du ratio d’endettement. A la différence des années précédentes, les retards de paiement commencent à toucher un très grand nombre de secteurs. Si auparavant, les retards de paiement étaient très concentrés autour du secteur de la construction et du BTP, aujourd’hui, le fait nouveau est que la plupart des secteurs de l’économie est touchée par les retards de paiement. Un effet domino n’est pas à exclure pour les fournisseurs les moins solides dans d’autres secteurs.Sous la pression de leurs clients, les entreprises marocaines sont obligées d’accorder des délais de paiement contractuels sensiblement plus longs.  Interrogé sur le pourcentage dans son portefeuille des entreprises qui souffrent du retard en matière de paiement, un assureur-crédit répond : « En 2016, plus d’un tiers des entreprises assurées ont enregistré des retards de paiement. Ces retards sont beaucoup plus fréquents sur les ventes domestiques qu’à l’export, à l’exception des exportations vers l’Afrique ». La loi relative au délai de paiement n’arrive pas encore à éradiquer le problème dans son intégralité.En effet, la loi 49-15 (portant réforme de la loi 32-10) applicable depuis septembre dernier stipule l’application d’un délai de 60 jours, avec la possibilité de conclure des conventions sectorielles prévoyant des délais spécifiques et l’assujettissement à cette loi des entreprises et établissements publics réalisant des transactions commerciales.Cependant, si la loi fixe les délais à 60 et 90 jours, sur un plan pratique, la réalité est différente. Selon les statistiques disponibles, 70% des entreprises supportent des délais de paiement supérieurs à 90 jours. Cet allongement des délais de paiement conduit ipso facto à l’augmentation de la défaillance des entreprises.Aujourd’hui, il existe encore très peu d’entreprises marocaines qui accordent une importance à la gestion des risques. Hormis les banques ou les grandes entreprises qui ont un « Risk Manager » qui s’occupe de la gestion du poste client, les PME et les TPE n’y voient même pas l’intérêt. Aussi, l’assurance-crédit n’est-elle pas bien ancrée dans les habitudes de nombreux dirigeants de PME. On estime que seulement 500 à 600 entreprises marocaines utilisent l’assurance-crédit, ce qui est très peu. L’enjeu est de taille étant donné que le poste client représente généralement entre 15% et 20% de l’actif du total bilan d’une entreprise et surtout que les retards et les défauts de paiement sont plus fréquents au Maroc que dans d’autres pays.
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