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Croissance des entreprises : 55% comptent accélérer leur rythme de recrutement

12 déc. 2019 L'Economiste

Vouloir développer son entreprise, c’est bien. Toutefois, les patrons devraient se donner le moyen de leurs ambitions. Cela passe d’abord par le renforcement du capital humain. Ils en sont d’ailleurs, pour certains,  bien conscients. En effet, plus de la moitié (55%) des entreprises sondées par IBB Institute aspirent à renforcer les recrutements pour les 3 à 5 prochaines années.

Ce sont les entreprises marocaines qui souhaitent le plus accélérer le rythme des recrutements. Les deux tiers le prévoient, contre 45% pour les multinationales et 26% des sociétés nationales envisagent une stagnation, soit un taux d’embauche similaire aux années passées, contre 51% pour les multinationales. 

Si l’on zoome sur les secteurs, c’est celui de l’IT et télécommunication qui affiche le plus grand besoin en recrutement. 85% prévoient d’accélérer leur rythme d’embauche et 15% disent vouloir garder la même cadence.

Du côté des services et de la distribution, la recherche de compétences est également un axe prioritaire. Les dirigeants prévoient un renforcement en ce sens de, respectivement, 64% et 58%. Il en va de même pour l’industrie (57%). «Ces secteurs sont inscrits dans des dynamiques sectorielles nationales d’investissement et de développement. Ils anticipent ainsi des besoins de main-d’œuvre qualifiée plus importants que la moyenne», souligne Abdelaziz Bennis, DG d’IBB Executive Search.

Seul le secteur FMCG (fast-moving consumer goods) ne prévoit pas une forte accélération en recrutement (31%). «Guidé par des projets d’optimisation et de consolidation, il table davantage sur une stagnation de l’embauche (63%). En ce sens, plusieurs multinationales du secteur entreprennent actuellement la réorganisation de leurs activités sur le plan national et régional, ce qui s’accompagne par des gels de recrutement, voire des suppressions de postes», explique Bennis. Le secteur BTP et immobilier, en revanche, compte diminuer ses recrutement de 40%.

Alors que le besoin en compétences de la majorité des entreprises s’accentue, il est de plus en plus difficile de trouver de bons profils. En effet, 97% des entreprises estiment que la difficulté à recruter sera forte ou modérée au cours des 5 prochaines années.

Les deux tiers des sociétés marocaines estiment qu’il leur sera difficile de recruter, contre 53% pour les multinationales. «Les secteurs prévoyant une forte difficulté à recruter sont ceux dont le développement repose sur le capital humain tels que les secteurs IT/telecoms, la finance et le conseil, les services et l’industrie», relève l’étude.

«Il faudrait que les entreprises commencent par faire leur mea-culpa en reconnaissant que les difficultés rencontrées s’expliquent davantage par des facteurs endogènes. Ces derniers sont, en grande partie, le fruit de la pression exercée par ces mêmes entreprises dans un marché de l’emploi étroit qui ne peut réagir que par le jeu de l’offre et de la demande pour s’autoréguler», analyse Hicham Zouanat, président de la Commission relations avec les partenaires sociaux au sein de la CGEM et directeur exécutif en charge des RH, corporate affairs et développement durable au sein de NABC pour le Maroc et la Mauritanie.

Parmi les obstacles auxquels elles sont confrontées, les deux tiers citent la rareté des compétences. Cela est principalement dû à l’inadéquation entre la formation et les besoins des entreprises, la pénurie des profils hautement qualifiés mais aussi les lacunes en langues étrangères et soft skills.

En deuxième lieu, 59% des entreprises dénoncent la forte concurrence sur les mêmes profils. Hormis la guerre des talents à l’échelle nationale, depuis quelques années, les entreprises se voient confrontées à une pression émanant aussi de l’international. Ces départs impactent fortement certains secteurs tels que l’offshoring et l’IT. Plus de la moitié (56%) des entreprises se plaignent de la hausse des niveaux des salaires.

«A partir des années 2000, le besoin des entreprises d’élever le niveau d’encadrement les a conduites à recruter des cadres de haut niveau, en proposant des rémunérations incitatives en décrochage par rapport aux pratiques habituelles. Elles ont fait appel à des dirigeants ayant des responsabilités régionales et disposant de rémunérations conséquentes pour occuper des fonctions locales avec des rémunérations finalement très élevées pour le périmètre à gérer», explique Bennis. Par ailleurs, les attentes des salariés sont de plus en plus élevées à cause de la hausse du coût de la vie (logement, scolarité, transports, santé, prévoyance, loisirs/voyages…),

Pour Zouanat, expert RH, le manque d’anticipation dans la formalisation des besoins en recrutement, les rémunérations souvent décalées par rapport aux tendances du marché, la gestion des talents encore embryonnaire ainsi que la marque employeur qui contraste avec celle diffusée par les collaborateurs sont autant d’éléments qui nuisent à l’entreprise.

«Elles sont peu nombreuses à estimer que leurs pratiques internes, telles que l’allongement des délais de recrutement, le manque de moyens pour recruter ou encore la difficulté à définir le besoin, constituent également de sérieux obstacles», souligne pour sa part Marie Agot, manager à IBB Executive Search.

Par ailleurs, la perception des dirigeants et celle des DRH quant aux difficultés liées aux recrutements sont différentes. Préoccupés par l’équilibre budgétaire, les deux tiers des dirigeants estiment que la hausse des salaires est le principal frein lors des recrutements, tandis que les ¾ des DRH s’inquiètent davantage de la rareté des compétences et 67% de la forte concurrence sur les mêmes profils.

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