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Ca gaze entre l’ONEE et Sound Energy

2 déc. 2021 Libération

La société britannique Sound Energy, qui détient la concession gazière de Tendrara dans l’Est du Maroc, a conclu un contrat de vente de gaz avec l’ONEE.

En vertu de cet accord, ladite société s’engage à livrer au Gazoduc Maghreb-Europe un volume contractuel annuel allant jusqu'à 350 millions de mètres cubes de gaz naturel, pendant une période de dix ans.

Pour Hicham Attouch, professeur d’économie à l’Université Mohammed V- Rabat, cet accord est l’aboutissement naturel d’un travail qui a été entamé il y a dix ans.

« Le débat sur la production du gaz naturel au Maroc ne date pas d’aujourd’hui et il n’est pas lié principalement à la décision du pouvoir algérien de ne pas reconduire le contrat du gazoduc passant par le Maroc », nous a-t-il indiqué.

Et de préciser : « Les discussions avec les Anglais ont été entamées il y a 10 ans et se sont accélérées avec l’affirmation du potentiel du bassin du Gharb et Tendrara. Et c’est à partir de ce moment qu’il y a eu les premiers accords d’exploitation avec des moyens mastodontes ».

Selon l’Office national des hydrocarbures et des mines, le bassin du Gharb est considéré parmi les bassins qui ont connu une activité d’exploration intense, ce qui a permis la découverte et la mise en exploitation de plusieurs petits gisements.

Les gisements en production dans le bassin du Gharb contiennent généralement du gaz sec (99% méthane), ce qui rend leur exploitation facile ne posant pas de problèmes de commercialisation.

Et malgré leur taille jusqu’ici modeste, leur exploitation s’avère rentable du fait de leur accès facile par forage (profondeur variant de 900 à 1800 m) et du fait aussi de la présence de clients potentiels dans la région même.

Le taux de récupération des gisements du bassin du Gharb est aux alentours de 90%. Concernant Tendrara, il a rappelé que Sound Energy a révélé en 2019 que les réserves pourraient y dépasser 115 milliards de mètres cubes par jour, contre 40 milliards, comme l’indiquait une analyse de juillet 2017.

Sound Energy qui détient 27,5% ( l’Etat marocain, par le biais de l’ONHYM et l’OGIF, un fonds d’investissement, détenant 72,5%) a déjà annoncé en 2019, la commercialisation du gaz qui proviendra des puits TE-7 et TE-8 de Tendrara.

Notre interlocuteur nous a expliqué, en outre, que le Maroc se préparait depuis des années à la résiliation du contrat du gaz avec nos voisins algériens et si cette décision n’a pas été prise par Alger, Rabat l’aurait prise.

« Le Maroc a refusé de procéder ainsi parce qu’il a des engagements à l’international en particulier avec ses voisins du Nord. Il s’agit de son image de marque », nous a-t-il affirmé. A noter, à ce propos, la feuille de route nationale 2021-2050, pour le développement de cette énergie fossile propre, qui a été élaborée, dans ce sens, par le département de l’Energie, des Mines et de l’Environnement.

Elle s’articule autour de cinq orientations stratégiques, à savoir la création d’un marché régulé de gaz naturel, en stimulant une évolution progressive de la demande, le développement d’un projet d’infrastructure gazière structurant, l’accès des industriels et tous autres consommateurs à une énergie compétitive, l’amélioration de la compétitivité des industriels marocains exportateurs et le développement d’autres activités annexes de sous-traitance autour de la filière du gaz naturel.

Qu’en est-il des enjeux de cet accord ? « Il y a des enjeux immédiats et d’autres à moyen et long termes », nous a répondu Hicham Attouch. Et de préciser : « L’enjeu immédiat est celui d’exportation et aura certainement un effet positif sur les équilibres de la balance commerciale et de paiement.

Il y a également les rentrées financières au profit de la trésorerie de l’Etat. A ajouter également l’enjeu économique à moyen et long termes qui consiste à développer une industrie utilisatrice de cette énergie comme dans la région du Gharb.

Enfin, il y a l’enjeu énergie propre et la confirmation du positionnement du Maroc en tant que leader des énergies propres en Afrique ». A rappeler que la feuille de route nationale 2021-2050 vise à utiliser le gaz naturel comme un levier pour la transition énergétique du Maroc, la décarbonation de son économie et l’accompagnement des énergies renouvelables, notamment en réglant définitivement le problème de leurs intermittences.

« Les retombées directes de cet accord sur la consommation nationale ne seront pas palpables dans l’immédiat puisque nous sommes dans une phase de transition.

En effet, l’installation des infrastructures gazières est une affaire complexe qui exige du temps et des moyens », nous a-t-il expliqué. Et de conclure : « Mais la vraie question sera celle des retombées sur les citoyens riverains des gisements et sur le développement local».

Ladite feuille de route, dans sa mise en œuvre, a indiqué que la production en gaz naturel concerne en premier lieu les industriels avant de s’attaquer à la consommation domestique avec, en parallèle, l’accompagnement de la production d’électricité.

A signaler que cette hiérarchisation des priorités fait suite à des études et à l’analyse de la situation actuelle de l’offre et de la demande du gaz naturel aux niveaux national et international, qui ont montré que le marché serait tiré, dans un premier temps, par la demande émanant du secteur de la production d’électricité et celui de l’industrie.

Il en est également ressorti que la demande totale en gaz naturel au Maroc atteindrait plus de trois milliards de m3 en 2040, ce qui équivaut, selon les spécialistes, à un début de maturité du marché. 

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