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Le CMC plaide pour un Etat stratège, régulateur et soucieux d’améliorer le niveau de vie des populations

3 juil. 2020 Libération

La pandémie de Covid-19 traîne « dans son sillage une mortalité qui paralyse l’ensemble des économies avec des conséquences des plus fâcheuses sur les marchés du travail », a constaté le Centre marocain de conjoncture (CMC).

Le travail « subit de plein fouet les nuisances d’un impact qui porte, à la fois, sur l’offre, en raison d’une paralysie quasi totale du processus de production des biens et services et sur la demande qui se rétracte sous l’effet de la baisse de la consommation et de la contraction de l’investissement... », a expliqué l’Observatoire privé qui annonce la publication de son rapport annuel intitulé « 2020-2021 : Ruptures » (N°51). 

« Plusieurs milliers de postes d’emploi sont mis en suspens quand ils ne sont pas définitivement détruits provoquant une recrudescence inégalée de chômage », a souligné le Centre indiquant que des secteurs entiers sont sinistrés et font face à un avenir incertain comme le tourisme et les transports qui sont gravement touchés dans leur segment aérien. 
Dans ce bulletin, publié dans le cadre de la série « Maroc perspectives», le Centre craint que cette situation délétère menace de faillites les entreprises dans leurs différentes tailles, de perte d’emplois sans distinction entre secteurs structurés ou informels et partant de détériorations manifestes de revenus pour une vaste partie de la population.

Dans son rapport, qui présente le bilan économique et social relatif à l’année 2019 tout en faisant état des prévisions et cadrage des années 2020 et 2021, le CMC ne s’est pas focalisé que sur « La dynamique du marché du travail ». Il s’est également intéressé à d’autres axes, notamment ceux liés à la « Politique économique : Quels ajustements face à la pandémie ? », à l’« Economie mondiale : La pandémie déclenche une crise économique historique », aux « Comptes extérieurs : Les flux des échanges sous l’onde de choc de la pandémie » et à la « Chute des cours du pétrole : Une aubaine asphyxiée par le Covid-19 mais pas que... », entre autres.

Ainsi, sur la question de la politique économique, le CMC a noté que le déclenchement de la crise sanitaire a complètement perturbé la dynamique du système économique et ses ressorts internes, remettant en cause à la fois les programmes préétablis et les objectifs correspondants. Outre l’arrêt presque immédiat de l’activité des secteurs les plus exposés comme l’hôtellerie, les transports, la restauration, le commerce, la construction ou les industries manufacturières, le CMC a relevé aussi des répercussions importantes sur les équilibres financiers. Notamment la baisse des recettes fiscales au cours des premiers mois de l’année, la forte contraction des exportations et des flux financiers en provenance de l’extérieur... Bref, une situation inédite qui « incite à la réflexion sur les nouveaux ajustements nécessaires à la politique économique pour plus d’efficacité et de cohérence », a-t-il estimé.
Au niveau mondial, il a noté que la pandémie a déclenché une crise économique historique qui a entraîné un double bouleversement de l’économie : « Le confinement a forcé de nombreuses entreprises à ralentir voire à stopper leur activité et a, par ailleurs, provoqué un effondrement de la consommation. Un double choc de demande et d’offre est à l’œuvre », a-t-il fait savoir.

Comme l’a relevé le FMI en avril dernier, le monde devrait connaître, en 2020, une récession historique dont l’ampleur s’élèverait à 3 % du PIB. Le commerce mondial accuserait un recul compris entre 13% et 32%, les cours des produits de base chutent et les investissements directs étrangers pourraient baisser de 40%, a relevé le Centre soulignant que si les risques sont plutôt baissiers, l’incertitude est en revanche grande.

Concernant les flux commerciaux, le Centre a noté qu’ils « ont connu une nette décélération au terme de l’exercice écoulé. Les exportations de marchandises ont enregistré une progression d’à peine 2,4 % en 2019 contre 10,7 % l’année précédente. La même tendance est relevée au niveau des importations dont la valeur globale a augmenté durant le même exercice de 2 % ». 

L’Observatoire a toutefois concédé que « la baisse de régime des flux commerciaux s’est accompagnée d’une stabilisation du déficit commercial et même d’une légère amélioration de l’équilibre des transactions courante à la faveur de l’excédent des échanges de services et des flux financiers de la migration ». 

Qu’à cela ne tienne, les données montrent que « le déclenchement de l’épidémie du coronavirus à la fin du premier trimestre et la série de mesures drastiques prises pour en atténuer les effets sur la santé de la population ont complètement déstabilisé les flux des échanges », a constaté le CMC notant que les données couvrant les quatre premiers mois de l’année font état d’une contraction sans précédent des transactions sur les marchandises et les services ainsi que des flux d’investissement.

S’agissant des cours du pétrole, il ressort que sous l’emprise du coronavirus, ceux-ci se sont effondrés dans un effet combiné d’une demande velléitaire et d’une offre surabondante. 
Mais alors que les prix ont atteint leur plus bas niveau historique, « les projections manquent d’audace et d’ingéniosité pour prédire l’avenir d’un contexte géopolitique réputé alambiqué », a constaté le CMC soulignant que la crise sanitaire a frappé violemment le marché pétrolier mondial. 

Face à cette situation, le Centre rappelle que « la stratégie énergétique du Maroc, largement tributaire des importations de charbon, de pétrole et de gaz, s’emploie à poser les jalons pour une promotion des sources domestiques de production d’énergie ».

Signalons que le rapport s’articule aussi autour de six autres axes : « Secteurs productifs : Des évolutions timides », « Un dispositif de garanties pour soutenir les entreprises : Le système financier à l’épreuve de la pandémie », « Climat des affaires : Le Covid-19, redistributeur des cartes ? », « Notation de l’économie marocaine : Perspectives 2020 : Un sévère recul de l’activité », « Perspectives économiques : 2020 : Année des ruptures » et « Cadrage macroéconomique : 2021 : Le tournant ».

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