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Echanges extérieurs: Tout baisse, sauf l'alimentaire

2 juin 2020 L'Economiste

Les phosphates et dérivés affichent une certaine résilience en dépit du contexte difficile du marché. La part de ces produits dans le total des exportations gagne 3,9 points passant de 15,6% à fin avril 2019 à 19,5 sur les 4 premiers mois de 2020

La crise sanitaire affecte de plein fouet les échanges extérieurs. A l'import comme à l'export, les flux sont en chute libre sur les 4 premiers mois. Et l'intensification de la baisse résulte principalement des mois de mars et d'avril, période correspondant au confinement à travers le monde.

Selon les données provisoires de l'Office des changes, les exportations ont décroché de 12,6% par rapport aux 4 premiers mois de 2019, alors que les importations ont plongé de près de 20%, en comparaison avec la même période.

En glissement trimestriel (comparaison janvier-mars 2020 avec la même période de 2019), la contraction est de 13,2% pour l'import et de 18% pour les ventes à l'extérieur. Du coup, le déficit commercial se creuse de près de 2% et le taux de couverture perd 4,8 points en quatre mois.

Excepté les céréales, tous les produits importés affichent une baisse plus ou moins prononcée. En tête, figurent les biens d'équipement dont les achats plongent de 18% ou moins 7,8 milliards de DH. Dans ce contexte de ralenti de la machine de production, l'acquisition des produits énergétiques accuse également un recul sans précédent. Si le plongeon des achats de gasoil (-29%) s'explique par la baisse des prix, les autres produits énergétiques sont aussi en chute libre: houille, charbon, huile de pétrole et lubrifiants décrochent de plus de 20%.

En valeur, la facture énergétique a chuté de 5,7 milliards de DH, soit 21,8%. Celle-ci s'établit, ainsi, à 20,44 milliards de DH à fin avril 2020 contre 26,16 milliards à la même période de 2019. Le recul de la facture énergétique est dû essentiellement à la baisse des approvisionnements en gas-oils et fuel-oils (-3,8 milliards de DH). En parallèle, les volumes importés s'inscrivent aussi en baisse: 2 millions de tonnes contre 2,3 millions, soit une régression de 12,5%.

Dans le même sillage de l'arrêt partiel ou total de la machine industrielle, les acquisitions de produits bruts et de demi-produits s'inscrivent également en chute libre. Profilés en fer ou en acier, ils plongent de 35% alors que le soufre brut dégringole de près de 60. Même les produits finis de consommation, tels les voitures de tourisme, affichent une tendance à la baisse.

En revanche, les achats de produits alimentaires augmentent de près de 4 milliards de DH. Au total la facture de ces produits s'élève à 21,86 milliards de DH à fin avril 2020 contre 17,91 milliards, une année auparavant. Elle s'explique, pour l'essentiel, par la hausse des achats des céréales dont le blé tendre et l'orge.

A fin avril dernier, le volume s'est chiffré à 3,5 millions de tonnes en forte hausse de 38% par rapport à la même période de 2019. C'est l'effet de la nouvelle formule consacrant la liberté aux importateurs de saisir les opportunités du marché moyennant leur engagement de collecter la totalité de l'offre du blé tendre local. Histoire d'assurer un stock de sécurité couvrant au moins 4,5 mois de besoins de consommation. Et c'est à portée. Conjuguée au gel des droits de douane, les cours à l'international restent compétitifs, malgré la décision du premier exportateur mondial, la Russie, de suspendre ses exportations de céréales jusqu'à fin juillet prochain.

A titre d'exemple, la tonne du blé tendre ciblée par les importateurs marocains est négociée actuellement à moins de 200 euros. «Avec la bonne récolte 2020-2021, annoncée, les prix devraient se stabiliser à un niveau encore plus bas», s'accordent des analystes.
Sauf que cette dynamique prometteuse bute sur quelques dysfonctionnements, en particulier en ce qui concerne le rythme d'évacuation des marchandises, notamment au niveau du port de Casablanca. L'import massif des céréales conjugué à la lenteur de l'évacuation avait fini par un engorgement des quais et silos dédiés. D'où des attentes prolongées des navires dont un grand nombre en rade du port. Du coup, les importateurs évaluent le coût des surestaries à quelque 4 millions de dollars à fin avril. Et la facture est promise à la hausse si des solutions ne sont pas apportées à la situation.

Les transferts effectués par les Marocains résidents à l'étranger accusent une baisse de 10,1% (ou moins 2 milliards de DH). Au total, 18,49 milliards de DH ont été envoyés à fin avril 2020 contre 20,57 milliards un an auparavant

De leur côté, les exportations enregistrent une baisse de 19,7% (-20 milliards de DH). Au total, la valeur des expéditions s'est établie à 81,5 milliards de DH contre 101,5 milliards, un an auparavant. Ce recul fait suite à la chute des ventes de la majorité des secteurs. Celui de l'industrie automobile a pratiquement plongé de 39%, enregistrant un recul de 11 milliards de DH. C'est bien évidemment l'effet de l'arrêt des usines. Mais la baisse résulte aussi bien du recul des ventes de la construction (-45%) que du câblage (-44%).

En parallèle, les ventes de l'intérieur véhicules et sièges baissent de 33,6%. La part de ce secteur dans le total des exportations s'élève, ainsi, à 21,1% contre 27,8% un an auparavant.
En revanche, les exportations de phosphates et dérivés enregistrent une légère hausse (0,2%) à fin avril 2020. Cette évolution provient de l'augmentation des ventes des engrais naturels et chimiques et celles des phosphates. Une progression, toutefois, atténuée par le recul des ventes de l'acide phosphorique (voir infographie ci-contre). La part de ce secteur dans le total des exportations gagne, ainsi, 3,9 points passant de 15,6% à fin avril 2019 à 19,5 à fin avril 2020.

De son côté, le secteur du textile et cuir a dégringolé de plus de 28% sur les 4 premiers mois. Son chiffre d'affaires à l'export s'est situé à 9,12 milliards de DH contre 12,72 milliards. Ce recul résulte des ventes des vêtements confectionnés (-2,64 milliards de DH) et celles des articles de bonneterie (-744 millions de DH).

Il en est de même de l'aéronautique qui a perdu 34% de la valeur des ventes en quatre mois.
En revanche, les produits agricoles frais et transformés ont fait preuve d'une relative résilience. Le repli de 7% des expéditions s'explique surtout par la baisse de l'offre des agrumes. Au total, l'agroalimentaire a réalisé un chiffre d'affaires à l'export de 24,83 milliards de DH contre 26,7 milliards.

L'excédent des services s'érode

Au titre des quatre premiers mois de l'année 2020, la balance des échanges de services affiche un excédent en baisse de 9,1%: 24,66 milliards de DH contre 27,14 milliards. Ceci, sous l'effet du recul des exportations dont le chiffre d'affaires s'est établi à 52 milliards de DH contre 58,54 milliards une année auparavant. En parallèle, les importations de services reculent également de 12,8%.

En ce qui concerne les recettes voyages, principale composante des exportations de services, elles s'élèvent à près de 20 milliards de DH à fin avril 2020 contre 22,9 milliards une année auparavant, soit une chute de 12,8%. Les dépenses de voyages, quant à elles, reculent aussi de 30,2%. Résultat, l'excédent de la balance voyages s'inscrit, ainsi, en baisse de 5,7%.

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