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DP, le problème vient désormais du privé!

29 nov. 2018 Inforisk
L’Etat règle en moyenne à 58 jours contre 264 dans le secteur privé. Le BTP et le commerce sont les deux secteurs les plus mauvais.
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Les chefs d’entreprise invités à la sixième édition de l’Observatoire international  du Commerce Euler Hermes cette matinée à Casablanca vont s’arracher les cheveux. Les délais de paiement, thème central de cet évènement, continuent de se dégrader. Avec un taux de retard de paiement à plus de 90 jours de 16,5%, le Maroc est le 2e plus mauvais pays au monde derrière… les Philippines dans un benchmark effectué par le réseau Dun & Bradstreet.

Ce problème est désormais le «virus Ebola» de l’environnement des affaires dans le Royaume. En moyenne, comptez 264 jours pour être payé, soit plus de 8 mois et demi. La «norme» réglementaire est de 3 mois. Avec respectivement 311 et 314 jours de délais de paiement, le BTP et le commerce sont les deux secteurs les plus mauvais payeurs.

Pour les plus petites entreprises, la situation devient tout simplement critique. Ces dernières ont vu leurs délais clients s’allonger de 66 jours depuis 2010, ce qui accélère leur mortalité. C’est ce que révèle les données de l’exercice 2017 de l’enquête du cabinet Inforisk Dun & Bradstreet que L’Economiste publie en avant-première.

Le lien entre allongement des délais de paiement et défaillances d’entreprises est encore plus prononcé pour la TPE. Deux ou trois «gros» impayés peuvent conduire au précipice. 40% des défaillances d’entreprises sont dus à des retards de paiement.

Ce chiffre est confirmé par ailleurs par la dernière étude du CRI de Casablanca-Settat, qui mettait en avant le fort taux de décès des entreprises créées durant les 5 premières années, en grande partie dû aux délais de paiement et à la difficulté pour ces jeunes entreprises de recouvrer leurs créances, rappelle Amine Diouri, directeur Etude et Communication chez Inforisk Dun & Bradstreet.

D’autre part, il ressort de nos propres chiffres sur les défaillances d’entreprises que 95% des défaillances (redressement et liquidation judiciaire) constatées en 2017 concernaient les TPE. La grande entreprise (GE) est la seule catégorie d’entreprises dont la courbe des délais de paiement est inversée: les délais fournisseurs sont supérieurs aux délais clients (voir tableau).

Sous l’impulsion de l’Etat, les délais de paiement publics ont marqué une forte baisse en 2017. Ils se situent à une moyenne de 58 jours (source TGR) contre 264 jours dans le secteur privé. Au regard des montants de l’encours des crédits interentreprises, 423 milliards de DH, soit 8 fois celui du secteur public, le véritable enjeu des délais de paiement concerne le crédit interentreprises privé.

Aux opérateurs de balayer devant leur porte au lieu de s’en prendre systématiquement au comportement de l’Etat donneur d’ordre. Il reste à ce dernier à rendre plus lisible le circuit de validation et les procédures qui lui sont adossées.

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